Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais la Suisse recèle, depuis plusieurs années, le Zidane du pas de patineur. Un gars qui s’est permis le luxe de faire la nique, plus d’une fois, à tout un escadron de musculeux venus du grand froid, estampillés Norvégiens, Russes, Canadiens ou Allemands. Champion du monde 2008-2009 et 2010-2011, triple vainqueur du globe de cristal et double médaillé d’or aux Jeux olympiques de Sotchi (2014), Dario Cologna est un Grison, ceci expliquant certainement cela. Loin d’être aussi populaire que les autres sports d’hiver, le ski de fond en a fini de traîner son image ringardisante tendance Les Bronzés font du ski. Il véhicule des valeurs loin d’être anodines en ces temps de prise de conscience éco-environnementale: un goût de l’effort prononcé, un respect de l’environnement maximal, un savoir-vivre résolument plus proche des amoureux de la montagne que des citadins délocalisés le temps d’un week-end... et un plaisir jamais démenti auprès des plus jeunes. Comme ces lieux ne sont pas toujours bien référencés sur la carte de vos loisirs, voici nos spots préférés. Testés et approuvés.

Vallée de Joux (Le Sentier)

Vous avez dit paradis? Certains vont même encore plus loin, n’hésitant pas à comparer la Vallée de Joux au Grand-Nord canadien au vu de ses caractéristiques topographiques. Il est vrai qu’on se les pèle sévère dans la région. Mais sinon, l’espace compris (grosso modo) entre les villages du Brassus et du Pont et les cols du Marchairuz et du Mollendruz proposent près de 250 km de pistes. Qui dit mieux? Pour tout vous dire, voilà un espace qu’on verrait bien olympique, esprit Pierre de Coubertin, tant il possède tous les attraits d’un idéal sportif à dimension humaine, avec une véritable chaleur d’accueil. La station possède, par ailleurs, une piste illuminée d’un kilomètre pour ceux qui préfèrent se la jouer nocturne.

Le gros plus: le lac de Joux, évidemment, car, une fois bien gelé, on peut s’aventurer sur sa glace en toute sécurité. On vient de très loin pour jouir de ce délicieux miracle de la nature
Informations: Vallée de Joux Tourisme

Plateau de Plaine-Joux (Les Brasses)

A 30 minutes de Genève côté haut-savoyard, on trouve le massif des Brasses dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler les Alpes du Léman. Un concept aussi simple que bien vu puisque, plus vous montez vers les hauteurs, plus vous avez de chances de mixer lac et montagne. L’un pour la vue, l’autre pour la pratique. Nichée à 1250 m, Plaine-Joux a tout de la station sportive aux accents familiaux avec 50 km de pistes accessibles dans les deux styles (alternatif et skating), une ou deux boucles bien sévères pour qui veut faire du cardio avec de belles grimpettes forestières, mais aussi de plus légères pour commencer en douceur. Les plus petits peuvent aussi se rabattre sur la "Montagne aux acrobates" (dès 5 ans), un espace ludique avec tunnel, minibosses et slalom à parcourir skis de fond aux pieds.

Le gros plus: les différentes terrasses de la place qui donnent directement sur les pistes et le côté réserve naturelle du lieu
Informations: Maison des Brasses, tél. 0033 450 35 91 83 & Caisse de Plaine-Joux, tél. 0033 450 36 62 31, www.lesbrasses.com

Plaine Morte (Crans-Montana)

Alors, il est clair que, si vous montez là-haut avec vos skis de fond, vous risquez de subir quelques coups d’œil goguenards de l’armée de skieurs, snowboardeurs et autres descendeurs qui avalent les pistes plus vite qu’un sandwich au self-service de Cry d’Err. Sinon, bienvenue à près de 2775 m d’altitude sur le glacier de la Plaine Morte. La piste n’est pas très longue (environ 6 km pour un dénivelé d’un peu plus de 100 m), mais le paysage est absolument somptueux et tout cela au pied des Faverges. Par contre, si les bennes sont fermées en raison du vent, vous pouvez vous rabattre sur le tracé du Golf Ballesteros, aussi appelé les "Champs-Elysées" de Crans-Montana (parfait pour les enfants), ou sur celui – on n’y échappe pas – du Golf Jack Nicklaus, plus nerveux, dans un esprit supercross avec ses virages relevés et ses whoops à avaler bosse après bosse.

Le gros plus: la sensation de skier dans un isolement total sur ce qu’on pourrait appeler – allez, osons les superlatifs – le toit du monde (en tout cas valaisan)
Informations: Remontées Mécaniques Crans Montana Aminona (CMA) SA

La Gemmi (Loèche-les-Bains)

Si vous cherchez la Gemmi, c’est au fond, à gauche et tout en haut. Du cœur de la station, vous n’apercevez qu’un bout de l’arrivée du téléphérique, et le périple peut paraître assez longuet pour enfin pouvoir s’ébattre sur des lattes aussi fines que des mannequins lagerfeldiens. Mais la montée vaut son pesant de cacahouètes, car, une fois au sommet, c’est un havre de paix qui s’offre à vous. Pour tous les styles et âges, il y a le parcours (facile) qui fait le tour du Daubensee et sur lequel on croise autant des promeneurs que des peau-de-phoqueurs ou des chiens. Les plus radicaux opteront pour les 10 km du Läammernboden, tout aussi tranquille. Mais, si vous arrivez à vous dépasser, après, vous avez tout un cirque de quiétude à vos pieds.

Le gros plus: la possibilité de vite aller se plonger dans les bains (bourgeois ou romano-irlandais) après l’effort
Informations: Loèche-les-Bains Tourisme

La Vattay (Monts Jura)

Dans le Jura, on ne rigole pas avec cette activité, limite sport national pour tous les résidents de ces mi-hauteurs enchanteresses, mais souvent délaissées au profit des plus trendy montagnes alpines. Et La Vattay, dans le genre, c’est un peu la Mecque du ski de fond avec un parc de près de 120 km de pistes balisées et entretenues au flocon près. On y rencontre tous les fadas du fond, sportifs accomplis ou parents tirant un traîneau avec enfants à bord à la manière d’un Mike Horn. Le plateau est idéal pour les premiers pas, tandis que, pour la suite, c’est limite Noël tant l’éventail des parcours est riche et diversifié. Il ne faut juste pas oublier qu’une piste noire, ici, ça veut dire que ça monte énormément ! Et puis, la possibilité de skier avec en point de mire l’Observatoire météorologique de la Dôle, cette boule blanche qui se voit loin depuis les plaines, donne des airs de Tintin sur la Lune à votre escapade.

Le gros plus: l’accès aux pistes est immédiat, le matériel à disposition est de première qualité
Informations: Maison du Tourisme Monts Jura

Plateau de Confins (La Clusaz)

Site de l’ancien champion du monde Vincent Vittoz, le plateau des Confins se trouve, comme son nom l’indique, au bout de nulle part. Une chapelle, une poignée d’auberges et de magasins de sport, quelques habitations qui font presque un village. Avec les bornes des Aravis pour contenir le paysage alentour, le site est une sorte d’Intervilles des neiges, avec des boucles qui s’enroulent les unes autour des autres, variant les plaisirs et densifiant les efforts. Alors que les plus petits peuvent profiter d’un Jardin des neiges et les plus grands d’un parcours de "Nordic Cross" (du ski de fond façon boarder-cross !), on ne saurait trop vous conseiller le "Gollet", une rouge vous menant au fond d’un trou pour une descente qui semble ne jamais finir... et que dire de la remontée !

Le gros plus: la "Bellavarde", une noire au panorama à pique-niquer debout tant la vue vous met des larmes d’émotion au coin des mirettes
Informations: Office de tourisme de La Clusaz, tél. 0033 450 326 502, Espace nordique des Confins, tél. 0033 450 024 743, www.laclusaz-nordic.com

Sainte-Croix (Les Rasses)

Les plus fondus ont peut-être déjà entendu parler de la Mara, une course qui est au ski de fond ce que Morat-Fribourg est à la course à pied. C’est donc ici que ça se passe. Entre Les Rasses et le mythique Creux-du-Van, on trouve 65 km de pistes plutôt aisées avec, petit bonheur, les Alpes en format panoramique. Et ça, mine de rien, ça vous booste le moral si le petit n’a pas envie ou que vous-même avez les guiboles en capilotade. Les plus férus peuvent profiter d’une boucle à faire avec chien, quand les amateurs de soirées éclairées bénéficient aux Rasses d’une belle longueur de 4 km.

Le gros plus: si vous en voulez encore, on ne saurait trop vous conseiller d’aller glisser du côté du Mont-des-Cerfs ou de L’Auberson pour pénétrer des territoires neigeux bien cachés
Informations: Remontées mécaniques du balcon du Jura vaudois

Charmey (Vallée de la Jogne)

Alors d’accord, on connaît beaucoup plus sexy comme décor qu’une piste en partie au bord de la route. Mais, gros avantage de celle-ci, qui mène au Jaunpass (reliant les cantons de Fribourg et de Berne), c’est qu’à la nuit tombée la voilà soudain tout éclairée. Pour tout dire, ça en deviendrait presque romantique... Une balade au clair de lampadaire, lattes au pied ! Même si la piste ne fait que 5 km, elle a les atours de celle qui a su se faire la plus belle pour aller patiner le soir. Les plus mordus pourront emprunter le parcours de 10 km reliant Charmey à Jaun.

Le gros plus: le fait d’aller dépenser sur cette piste éclairée les meringues lestées de milliers de litres de double crème qu’on s’est enfilées juste avant
Informations: Charmey Tourisme, Office du Tourisme de Jaun

Quelques conseils pratiques

• Ne pas chercher la performance physique, car le ski de fond est avant tout une affaire de glisse.

• Rien ne sert d’aller vite, il faut plutôt battre le temps de façon régulière.

• L’équilibre est la base de l’harmonie. Pour ce faire, il faut être aussi à l’aise, lors d’une poussée, sur votre ski gauche que sur le droit.

• Evitez les mouvements parasites, sinon vous allez vite vous fatiguer.

• Veillez à ce que vos skis soient bien fartés, sinon vous allez rester scotchés à la neige.

Petit lexique du ski de fond

Pas alternatif: propulsion effectuée par les membres supérieurs et inférieurs du même côté (ex: bras droit et jambe droite) travaillant simultanément de façon opposée. C’est la technique "courante" en ski de fond, qui ressemble à la course à pied ou la marche dans son mouvement.

Pas de patineur 1 temps: propulsion de chaque jambe, accompagnée d’une poussée simultanée des bras. Chaque poussée des jambes est accompagnée d’une poussée des bras.

Pas de patineur 2 temps: propulsion d’une jambe, accompagnée d’une poussée des bras, suivie d’une propulsion de l’autre jambe réalisée seule. Deux poussées des jambes pour une poussée des bras.

Dragonne: courroie qui permet de retenir un bâton au poignet. La dragonne doit être assez serrée pour suspendre légèrement le bâton lors de l’extension du bras vers l’arrière.

Loppett: course de longue distance (20 m et plus) avec départ de masse.

Panier: bout du bâton de ski de fond, qui empêche le bâton de s’enfoncer trop profondément dans la neige.

Piste: appel lancé par un skieur qui veut en dépasser un autre et qui demande qu’on lui cède le passage.

Par Maxime Pégatoquet - 27 mai 2015