Si les guerres font couler du sang, les jeux de guerre, eux, font beaucoup couler d’encre. Justification de comportements violents pour certains ou canal idéal pour purger son agressivité, ils demeurent, quoi qu’il en soit, un terrain miné.


Paintball: repeindre la guerre en couleurs

Des "marqueurs" au lieu de pistolets, des boules de peinture pour remplacer les balles et toujours la peur bleue d’être touché. Voici en quelques traits le portrait bariolé du paintball, discipline débarquée en Europe au début des années 1990 et qui a longtemps rebuté par son look militaire avant d’arborer, enfin, l’étiquette tant convoitée de loisir. Mais en Suisse, ce n’est pas encore gagné, comme en témoigne le président d’un paintball qui claironne: "Nous mettons tout en œuvre pour nous distancer de l’image guerrière !" Adrien de Meyer, directeur de Cobalt Project à Lutry, lui, monte au front: "Ici, nos armes sont des outils, et non une fin en soi. Nous avons certes un état-major mais pas de tenue de camouflage type treillis qui rappelle la guerre."

Un bon test de personnalité
Les mots d’ordre du paintball sont en tout cas invariablement les mêmes : sécurité, fair-play et respect. "Pensez à la définition du rugby: un sport de voyous joué par des gentlemen... Eh bien là, c’est pareil", continue Adrien de Meyer, très habile en défense. Mais la douleur? Bon nombre de parents se plaignent en effet des projectiles réels, susceptibles de laisser quelques bleus sur leurs frêles marmots... Le jeune directeur pare le coup: "Le fait de ressentir la douleur te met dans d’autres dispositions. Ça te rend solidaire... ou pas ! C’est un jeu qui te met tout nu, un vrai retour à l’instinct. C’est pour ça que ça marche bien pour la psychologie d’entreprise." Psychologie dont les adolescents semblent être parfois un peu dépourvus comme le note, amusé, Patrick Decorges, directeur du Paintball d’Evolène depuis 2001: "L’ado, il veut bien donner la fessée, mais il ne veut pas la recevoir !" Une bonne école de la vie en somme.

Cobalt Project: une nouvelle génération de paintball
A 35 ans, Adrien de Meyer est un entrepreneur conquérant: fin stratège dans les domaines du marketing du sport et du luxe, ce jeune natif de Villars vient d’ouvrir un paintball "pas comme les autres" à Lutry. Jeu de rôle grandeur nature, Cobalt Project abrite dix zones de jeu scénarisées sur un terrain de 30 000 m2 avec entre autres des passerelles dans les arbres, un camp de base pour élaborer une stratégie, un radeau sur l’eau... Une des nombreuses nouveautés: la "powder boule", une munition qui ne jette pas de peinture, mais une poudre colorée qui ne tache pas. Sur terrain sec, dans la boue, sous la pluie ou sous la neige, on a vraiment l’impression d’être dans un jeu vidéo.

Où jouer au paintball cet hiver?
Patrick Decorges regrette que le phénomène de l’après-ski, si répandu en Autriche, ne soit pas très développé en Suisse. Après une demi-journée de glisse, les citadins seraient en effet plus enclins pour une partie de Monopoly en collants que de ressortir dans les frimas. "Les gens pensent qu’ils vont avoir froid !" déplore-t-il. "Mais une salopette, une polaire et hop, en bougeant, on n’a pas froid du tout ! assure le sympathique directeur du paintball d’Evolène. En plus, l’hiver, avec les terrains enneigés, on est comme des pingouins: on tombe sans se faire mal !" C’est sans doute dans cette visée "après-ski bon enfant" que ce dernier propose une formule paintball-fondue, très appréciée.

Bon à savoir
> Pour les jeunes en dessous de 16 ans, les parents peuvent avoir une dérogation ou une décharge à signer.
> Les parties se déroulant en équipes, il est impératif de réserver à l’avance.


Le regard du chercheur

Sebastian Dieguez, docteur en neurosciences (Université de Fribourg)
En 2009, suite à une tuerie perpétrée par un adolescent, le gouvernement allemand envisagea de proscrire le paintball, jugé comme une "atteinte à la dignité humaine". Rapprochement hasardeux, puisque le meurtrier n’était pas du tout un adepte de ce jeu... La situation s’est depuis détendue, une interdiction complète ayant été abandonnée en attendant davantage de recherches sur le sujet.

A cet égard, la comparaison avec les jeux vidéo violents n’est guère éclairante. Il s’agit ici d’un loisir de plein air, une activité sportive, un jeu d’équipe et de stratégie: rien à voir donc avec un massacre gratuit orchestré depuis son fauteuil. De plus, avec un bon équipement et un encadrement sérieux, les risques de blessures sont inférieurs à la plupart des sports "classiques". En l’absence de preuves du contraire, le paintball n’est donc rien d’autre qu’un bon moment passé entre amis. Les plus jeunes y trouveront un défoulement passager, plutôt qu’une vocation de Rambo.


Laser game: petits meurtres entre amis

Moins controversé que le paintball, le laser game (connu aussi sous le nom de "Laser tag" ou "Jeu laser") consiste à arpenter des labyrinthes obscurs semés d’embûches, et à toucher l’équipe adverse à l’aide de pistolets disposant d’un pointeur infrarouge ou laser (technologie plus précise), qui déclenchent des capteurs à diodes lumineuses sur des plastrons électroniques (torse, dos, épaules). Si le jeu est rigoureusement indolore, le directeur du Fun Laser de St-Blaise (NE) raconte qu’il a tout de même fallu convaincre les autorités à son installation, en 2007, le jeu n’étant pas encore bien connu en Suisse. "Ludique, sans danger, le laser game en lui-même n’est pas guerrier, ce sont les joueurs eux-mêmes qui peuvent le rendre guerrier…" assure-t-il en précisant que le fait même de bouger et de se déplacer range résolument le laser game dans le rang des activités de loisirs. Dans une gamme de prix bien inférieure au paintball, il est en tout cas une destination très prisée des adolescents qui s’y défoulent sans complexes !

Durée moyenne d’une partie: de 15 à 30 min
Age conseillé: dès 7 ans
Joueurs: de 4 à 6 personnes min. (en général sur réservation par téléphone)
Tarifs: entre 12 et 16 fr. par partie


De la guerre à l’humanitaire

Quel meilleur sujet que la guerre pour aborder celui de la paix? C’est le pari osé qu’a entrepris le constructeur de machines de déminage Digger dans le Jura (Expo Digger), avec une exposition permanente et interactive sur le déminage humanitaire et les problématiques liées à la guerre. Pour Antoinette Zind, responsable de la communication du lieu, "les jeunes n’ont plus du tout la perception des sept vies virtuelles" que l’on rencontre dans les jeux vidéo. Une sortie idéale pour ne pas mourir idiot.

Dans le même esprit, la Croix-Rouge propose à Genève depuis 10 ans environ un jeu de rôle grandeur nature sur un pays en temps de guerre, destiné aux jeunes de 12 à 18 ans: "Raid Cross". Un jeu pour les écoles et les groupes autour de la guerre, très constructif. Renseignez-vous auprès du Musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

C’est d’la bombe !
Le Pyromin Museum a ouvert ses portes en septembre 2011: un jour qui a fait grand bruit, comme les feux d’artifice, explosifs et autres effets pyrotechniques présentés dans cet intriguant musée, le premier d’Europe consacré au sujet et logé dans le Fort militaire de Champillon à Corbeyrier, au cœur des Alpes vaudoises. Une visite interactive qui aborde autant l’Histoire de la guerre contemporaine que celles des techniques, et qui vous garantira une sortie en famille tout feu tout flamme !

Le mot de Romain Hofer, chargé de communication au Pyromin Museum
"Nous n’occultons pas l’histoire de l’explosif à des fins de guerre. Tout au long de la visite, le visiteur découvre l’histoire du lieu, un ancien fort militaire datant de la Seconde Guerre mondiale. Nous partons du principe qu’il faut connaître son passé pour mieux vivre le futur et ne pas commettre les mêmes erreurs. Et l’explosif ne se résume pas à des bombes, bien au contraire: son utilisation va du lancement de fusées à nos airbags dans nos voitures !"


Les musées qui font boum !

L’histoire militaire, les mécanismes de défense, les reconstitutions de champs de bataille. Outre que c’est idéal pour réviser le programme d’histoire, nos minots sont friands de ce type de visite... Que vous soyez plutôt guerre de 14-18, invasion bernoise, grognards de Bonaparte ou stratégie baroque, vous avez en Suisse et les alentours, l’embarras du choix !

Citadelle de Besançon (Doubs)
Cette forteresse est l'un des plus beaux chefs-d’œuvre de Vauban, architecte militaire du roi Louis XIV. Onze hectares de fortifications à 100 m au-dessus de la vieille ville: hallucinant.

Musée militaire de Colombier (NE)
Armes anciennes et modernes, armures, uniformes, drapeaux de Suisse et de l’étranger dans un château à l’histoire mouvementée.

Musée militaire genevois, Pregny-Chambésy (GE)
Uniformes, armes, objets, tableaux, témoignages: ce musée retrace l’histoire militaire genevoise de 1813 à nos jours.


Idée week-end parents-ado

Un week-end palpitant et gourmand dans le Jura bernois pour découvrir le déminage humanitaire et apprendre à conduire des chiens de traîneau, tout en révisant son allemand ! (moins de 850 fr. pour 2 adultes + 1 ado)

SAMEDI
Expo Digger, Tavannes (2h)
Exposition interactive sur le déminage avec reconstitution d’un champ de mines et simulation de missions en contexte. Possibilité de dégustation de produits du terroir.
Quand? Toute l’année sur réservation
Combien? Adultes 9 fr., enfants (8-12) 5 fr., tarif réduit 7 fr.
Dégustation: 12 fr./pers.

NUIT
Hôtel de l'Ours***, Douanne
Au cœur des vignes, avec une vue magique sur le lac de Bienne. Les musts? La cuisine typique de l’hôtel et votre balcon privé avec vue sur les Alpes et le lac.
Quand? Tous les jours, sauf lundi et mardi en hiver
Combien? 245 fr. pdj compris (une chambre double et une chambre simple)

DIMANCHE
Balade à dos de chameau, Ferme-Zoo Zahir, Lamboing (1h)
Dans une ferme qui ressemble à un vrai zoo, faites une balade dans la neige à dos de chameau de Mongolie avant de déguster une fondue sous une yourte. Vraiment dépaysant, le Jura !
Quand? Toute l’année, sur réservation
Combien? 1h de balade pour 2 adultes/2 enfants: 100 fr. (hors repas)

Par Rédaction - 5 janv. 2017