Goûter, voir, sentir, toucher et écouter. On fait le tour du corps et de ses talents pour découvrir des lieux et des activités inédits que les enfants vont adorer. A pratiquer tout l’hiver et sans modération.

Toucher du doigt le rocher

Qui croit que l’escalade est une affaire de grands? Dès 4 ans, les grimpeurs en herbe peuvent déjà goûter aux joies de l’ascension. Chercher des doigts une faille, glisser le pied sur un appui, basculer le poids de son corps contre le rocher. En hiver, c’est surtout en salle que ça se passe, et il y a fort à parier qu’il y a un mur pas loin de chez vous.

Du côté de Bulle, où enseigne Martin Rebetez, moniteur d’escalade diplômé, les cours des petits se vivent avec les parents. "Pour les 4-8 ans, nous avons besoin d’un parent pour assurer l’enfant avec une corde, explique Martin Rebetez. Cela permet à l’adulte comme à l’enfant de se familiariser avec ce sport et d’apprendre la bonne technique." S’il n’y a pas de profil type du futur grimpeur, ce sport convient aux gosses relativement légers qui aiment escalader et ne rechignent pas (trop) à se concentrer.

L’initiation: un bon plan
Comment savoir si ça va plaire? A Bulle, Martin Rebetez et son frère Daniel proposent deux leçons d’initiation d’environ trois heures chacune. Pas besoin d’acheter du matériel tout de suite: à Bulle comme dans la plupart des salles d’escalade, on loue chaussures et baudriers. Au terme de l’initiation, les choses se précisent d’elles-mêmes. "Si l’enfant n’a pas croché, rien ne sert d’insister." Si le feeling est là, les enfants développent souplesse, force, concentration et maîtrise de soi. Pas mal en un seul sport, non? Dès 9 ans, ils prennent les cours sans papa maman et peuvent commencer à grimper en tête. Par beau temps, ça se passe également en extérieur, le long des falaises. Question pratique, on compte entre 100 et 150 fr. pour l’achat des chaussures et environ 80 fr. pour un baudrier. A cela s’ajoute le prix d’entrée au mur d’escalade, qui va de 5 à 12 fr. environ.

Où tâter du rocher?
Quant à savoir où poser chaussons et mousquetons, on trouve un panel des lieux en Romandie sur le site de Daniel et Martin Rebetez: www.grimper.ch

Goûter à tout ou presque

Le goût, c’est affaire d’expérience. Bien sûr, le nouveau-né apprécie le sucré, plaisir qu’il cultivait déjà dans le ventre de maman, mais les saveurs et leur appréciation s’inscrivent dans les us et coutumes culinaires. Ajoutons à cela une pincée de personnalité: allez savoir pourquoi tel garçon se relève la nuit pour croquer dans un cornichon mais dédaigne les douceurs, alors que son frère se nourrirait de chocolat sous toutes ses formes.

Une histoire d’habitude
Physiologiquement, notre cerveau analyse tout ce que nous mangeons (en fait, il décode les informations envoyées par les papilles éparpillées sur notre langue) d’après son expérience. Facile dès lors de comprendre pourquoi le goût (tout comme l’odorat, d’ailleurs, auquel il est intimement lié) se forme avec l’habitude et l’expérience. Et si possible de bonne heure. "A partir de 5 ou 6 ans, l’enfant se montre ainsi tout à fait capable de partir à la découverte des aliments", note Sylvie Pidoux, responsable de la communication de l’Alimentarium de Vevey, qui organise plusieurs ateliers de "découverte sensorielle de l’aliment" couplant la pratique et l’information. Rien ne vaut en effet la mise en situation. En maniant la casserole et en tâtant du condiment, l’enfant s’approprie les épices, découvre autre chose que le jambon-purée et le frites-nuggets. Pour, petit à petit, construire son goût à lui.

Les marmots aux fourneaux
En marge des multiples animations du genre proposées un peu partout dès 3 ou 4 ans, pourquoi ne pas tenter une petite séance de cuisine en compagnie de votre tête blonde? Plusieurs livres très sympas leur sont spécialement dédiés, avec des recettes rigolotes, inventives et très accessibles.

Relever le défi du marmiton
En attendant que Junior soit prêt à relever le défi du vrai marmiton, pourquoi ne pas lui proposer de doser huile, vinaigre et herbettes pour une sauce à salade inédite?

Pour plus d'informations sur le sujet, consultez notre dossier spécial cours de cuisine

Voir le chemin des étoiles

Il n’y a pas d’âge pour contempler les astres, c’est certain. Lorsque l’on parle de compréhension, mieux vaut attendre que junior ait grosso modo 10 ans pour l’initier à l’astronomie. On peut commencer par lui offrir une paire de simples jumelles qui suffisent amplement à observer la Lune, Vénus ou encore Jupiter et ses arceaux.

Si l’enfant ne croche pas et ne se découvre aucune passion astrale, tant pis: les jumelles joueront leur rôle en balade dans la nature, pour observer les marmottes. Sinon, si les étoiles le fascinent comme un aimant, on ne manquera pas de suivre avec lui quelque soirée d’observation organisée par des passionnés aux quatre coins de la Romandie.

L'hiver, saison idéal
Observer le ciel, repérer une constellation ou une nébuleuse. Comprendre comment naît et meurt une étoile. Apprendre à calculer les distance entre les planètes. Pour le dire simplement, l’initiation à l’astronomie représente une somme de découvertes extraordinaires. Lors des soirées d’observation, comme celle du Centre François-Xavier Bagnoud, à Saint-Luc, on touche du doigt la mythologie. "Chaque constellation possède son histoire" raconte Eric Bouchet, animateur. Comme celles des Grande et Petite Ourses, la nymphe Callias et son fils Arcas, punis et transformés tout deux en constellations par les dieux fâchés. Pour se lancer dans une observation personnelle du ciel, l’hiver se révèle la saison idéale (froid mis à part) vu que l’air est plus sec et les nuits plus longues. Choisir un lieu retiré des lumières de la ville, s’emmitoufler et emporter un thermos de thé chaud. Emmener une carte du ciel et une paire de jumelles, voire un télescope (à louer en différents endroits). A ce propos, méfiez-vous des appareils vendus dans les magasins de jouets. Si leur qualité n’est pas bonne, l’enfant risque de ne rien voir du tout et de se décourager illico. Préférer les jumelles, les déposer sur un trépied stable ou s’offrir un télescope de 20 cm de diamètre, pour débuter. Et à vous les étoiles !

Leur en mettre plein la vue
A lire: Copain du ciel de Claudine et Jean-Michel Masson, Ed. Milan Jeunesse
A installer: le logiciel gratuit Stellarium
A raconter: quelques histoires des 88 constellations sous www.astronomique.eu

Pour plus d'informations sur le sujet, consultez également notre dossier spécial astronomie

Ecouter le jeu des notes

Comme le dit Delphine Corthésy, "aimer l’opéra à 14 ans, c’est la honte". Parce que le classique trimballe dans son sillage une bonne dose de préjugés. Long, cher, pas drôle. Et pourtant. "Les enfants qui découvrent l’opéra vers 6 ou 7 ans commencent par rire de ses voix, poursuit la responsable du secteur jeune public à l’Opéra de Lausanne. Et puis, ça les épate très vite." Les timbres tonitruants mais aussi les cuivres et les cordes, les lumières et les costumes.

Le spectacle se décline comme une surprise époustouflante. Et pas seulement auprès des musiciens en herbe. Les spectacles estampillés "enfants-compatibles" marchent très bien auprès des enseignants, disposant de quotas de places gratuites. Pour les parents lambda, il reste les représentations à des tarifs raisonnables (entre 10 et 30 fr.). On choisira une œuvre pas trop longue, dans les une heure trente, et on essaiera si possible d’en faire écouter quelques extraits à sa progéniture au préalable.

Goûter sans plonger
Au registre des excellentes idées, l’Orchestre de chambre de Lausanne propose aux enfants dès 4 ans une immersion classique lors des huit Concerts du dimanche. Baptisé Jardin musical, ce concept propose aux petits de découvrir l’œuvre interprétée par l’orchestre derrière une baie vitrée donnant sur la scène. De là, les jeunes entendent et voient le concert tout en suivant des activités musicales ludiques et pédagogiques données par des étudiants du conservatoire. Une mise en bouche au prix de 5 fr. pour apprécier un jour un "vrai" concert.

Pour aller plus loin
A écouter: La musique classique expliquée aux enfants de Jean-François Zygel chez Naïve

Sentir les odeurs des bois

Utiliser la forêt comme enseignante et apprendre sur soi, sur l’autre et sur la nature, voilà le concept des groupes de jeu dans les bois tels qu’ils ont été imaginés dans les pays du Nord. Et ça marche. Entre les sapins, on joue avec des pives, des cailloux et des bouts de bois qui deviennent, par enchantement, petites voitures, animaux ou poupées.

"Quand les jouets ne sont pas définis pour un usage précis, les enfants développent une créativité incroyable", raconte Sylviane Frund, maîtresse d’école enfantine formée en pédagogie de la nature. A Crémines, dans le Jura, Sylviane Frund et Céline Blaser, laborantine en agrobiologie, ont créé Né Dehors, un groupe de jeu qui accueille les petits de 4 à 7 ans.

La forêt par le bout du nez
Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, les enfants prennent la clé des champs avant de se glisser sous les branches pour retrouver le "Royaume". Là, il y a un chêne déraciné sur lequel tenir en équilibre, un trou garni de feuilles où se blottir pour écouter des histoires, des tapis de mousse odorante et du "bois de coucou" à grignoter au pied des arbres. Chaque saison porte son nuage de senteurs et d’atmosphères. En hiver, c’est l’odeur du feu qui parfume les ateliers. "On s’y réchauffe et on y prépare les goûters, comme les corn-flakes au chocolat fondu." Pas besoin de faire un dessin, les groupes de jeu en forêt séduisent les petiots. Né Dehors affiche souvent complet mais l’offre de ses ateliers commence à s’étoffer en Romandie. Créativité, respect de l’environnement, équilibre intérieur ou encore exercices physiques, le jeu en forêt fait du bien au sens large. On peut y goûter en famille, dans les futaies à deux pas de chez soi, en suivant les conseils de la pédagogue Sarah Wauquiez* ou en explorant le programme des différents groupes Jeunes + Nature de Pro Natura.

Pour aller plus loin
A lire: Les enfants des bois. Pourquoi et comment sortir en nature avec des petits enfants de Sarah Wauquiez

Pour plus d'informations sur le sujet, consultez également notre dossier spécial ateliers de jeux en forêt

Par la rédaction - 27 mai 2015